Un jour viendra

21/09/2018

Aussi loin que je m'en souvienne, aussi loin que les hivers , les printemps se déclinent au passé, bien souvent à l'imparfait, ma mémoire retrace les étapes de ma vie ici-bas, étapes à la nomade, toujours en partance, toujours sur le quai d'une gare, jamais arrivée.

Aussi loin que je m'en souvienne, aussi loin que les saisons reculent dans leurs temps anciens, ma mémoire me rappelle comme si c'était hier, ce matin, les arrêts-transits , ailleurs et ici, peut-être là-bas, sans doute encore autre part, parfois la sécurité vient effacer des douleurs trop ancrées et m'évite un effet boomerang , l'oubli est à la guérison ce que l’onguent est à la cicatrice.

L'Oubli, au fond de ma mémoire, serrée quelque part dans un recoin qui n'attend que Lumière, l'Oubli sonne régulièrement à ma porte, un appel de "souviens-toi" , un colporteur de puzzle qui voudrait que le tableau de ma vie soit enfin complet.

L'Evidence l'accompagne, deux compères, deux jumeaux, l'un ne va pas sans l'autre. L'Oublie crie "ouvre-moi" , l'Evidence répond "c'est là , souviens-toi". L'Oubli supplie "rappelle-toi" , l'Evidence murmure "tu ne peux nier".

Abraham, ce nom, aussi loin que ma mémoire égrène les premiers sillons de son marquage dans ma vie, fait  écho à ma vie. Avraham dit-on en Ivrit.

J'ai appris je ne sais plus quand, ni comment, à l'aurore de ma toute première jeunesse, j'ai appris qu'il était nomade, qu'il n'avait aucune attache, si ce n'est qu'il vivait au son d'une voix mystérieuse qui lui disait où aller. Je ne le connaissais pas encore mon ancêtre que déjà l'Evidence répétait inlassablement à mon oreille "tu es fille de nomade" sans doute la raison de mes pérégrinations.

L'Oubli se joignait à son frère , accentuant sa chanson, "n'oublie-pas" "tu es fille de..." le son devenait mauvais, on devait être sous un tunnel, je n'entendais plus rien. Un jour, une nuit, ma mémoire sélective a commencé à dessiner des maisons, certaines étaient barricadées, d'autres impossibles à franchir, puis vint le temps d'un doux repos à l'intérieur d'une maison aux multiples portes, fenêtres, inscrite dans la blancheur d'une ville sans bruit, un taureau veillait , noir de jais, il me suivait, il était mon protecteur, ce fut la seule maison de Shalom que je visionnais, c'est là , je crois, que j'ai abdiqué j'ai accepté sa présence, je n'avais plus peur.

Moché, grandeur de patience, lui l'impatient, grandeur d'amour, lui le meurtrier, 40 années dans le désert , comme son ancêtre,  a bravé le sable, les dunes, le vent , les serpents, tirant avec lui , contre son gré bien souvent, un peuple au cou raide. YHWH ne l'a pas abandonné, il a fait de lui une référence, un nomade hors-pair.

L'Oubli frappe à ma porte "tu es fille de..." décidément j'ai toujours du mal à comprendre la fin de la phrase, l'Evidence me montre mes amarres, ma vie de batelière, "c'est évident, tu es fille de..."

De Maisons en Maisons, j'ai cherché celle d'Elohim, j'ai cherché le havre de Paix, cette sérénité que procurent la nuée et la colonne de feu. J'ai cherché durant des années, parfois découragée , souvent vindicative, tantôt téméraire, tantôt démunie. 

Souccot est arrivée dans ma vie, sa raison d'être a sonné si fort dans mon cœur que j'en suis restée émerveillée de sa promesse prophétique "souviens-toi de tes années d'errance, souviens-toi combien YHWH t'a accompagné dans ce désert durant 40 années, tu te feras une cabane en souvenir de ce temps passé"

Et comme si cela ne suffisait pas , la révélation entière de la Parole, vint sceller Le Bonheur , le vrai, cette espérance qui donne le sens profond de la Vie terrestre : Un jour les noces de l'Agneau, en présence du MachiaH, se feront avec Lui , nous tabernaclerons avec lui , IL sera ma dernière demeure, celle qui fait que je n'aurai plus de valises, celle qui fait que je n'aurai plus d'attente, celle qui fait que je serai enfin arrivée à bon port, celle qui fait que je verrai mon Aba par sa face le Mashiah m'accueillir, moi l'enfant prodigue , Il me vêtira de Ma robe que LUI aura faite, multicolore, signe d'appartenance royale. Je n'aurai plus besoin de partir, la quête de Vérité s'achèvera par la réjouissance finale : Officiellement je serai fille de Roi. Je rentrerai sous la Soukka, le Dais nuptiale sera tendu, la musique s'élèvera au son des étoiles chantantes, le shoffar résonnera, je ferai parti du cortège , reconnue, lavée, aimée !

Étrangère sur cette terre, je le suis, et je l'accepte enfin, nulle attache, rien, si ce n'est la nuée et la colonne de feu , signes de mon Adonaï , qui me disent quand je me lève, quand je dois partir, et où je dois résider pour son temps à lui et qu'à lui. 

Étrangère, je le vis dans la joie, sa simcha, parce que mon avenir en pérennité n'est pas ici mais dans ce que nos anciens ont salué de loin sans l'avoir obtenu, avec cette foi qui fait que l'on voit les cieux ouverts et la Gloire de notre Elohim jaillir au-delà de l'entendement.

Oui Souccot ! Rappel de la Bonté d'Elohim durant 40 années, mais aussi Amour indéfectible qui sera manifesté quand le Dernier Grand Jour sonnera et que mon Aba me dira "viens entre dans la Maison de ton Père" !

Hag Sameah Souccot ! 




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